lundi 30 mai 2011

Les deux prisonniers

Une histoire de Solo the CyberpunK, révision par DarkEvil.

-Depuis combien de temps sommes-nous ici?

-Ça fait tellement longtemps que les jours ne se comptent plus...

-Et dire que nous avons réussi à nous évader la dernière fois. Je ne demandais pas une éternité, car je savais que c'était impossible dans notre condition, mais si nous avions pu profiter de la liberté un peu plus longtemps avant qu’ils ne nous capturent avec leur vaisseau ultra rapide...

-Je rêve encore à cette promenade dans la nature...

-Dire qu'on n'a jamais su pourquoi on nous faisait ça... Pourquoi penses-tu qu’ils nous gardent prisonniers?

-Difficile à dire et des fois j'aime mieux ne pas y penser. Peut-être qu'ils veulent faire des expériences sur nous. Pour nous réconforter, je dirais que c'est clair qu'ils ne veulent pas nous manger, car ils l'auraient fait depuis longtemps.

-Où alors ils attendent une occasion spéciale... Que veulent-ils de nous?

-Ils en ont probablement déjà fait mention, mais étant donné que l'on ne comprend pas leur langage étrange...

-Tu as raison. C'est affreux comme je me sens impuissant... En attendant, ce n'est pas comme si on était mal traités. Et que ferions-nous seuls sur cette planète? Ces créatures en ont le contrôle total et nos semblables sont emprisonnées un peu partout. Pour autant qu'on sache, ça a peut-être toujours été comme ça. Ils pensent à tout, aucune manière de se rassembler et prendre le dessus.

Ils sont sur un coin de mur et regardent discrètement les créatures interagir entre eux en lançant des cris bizarres.

-Que font-ils, tu penses?

-Je ne sais pas. Ils ont l'air de se chicaner... Ou alors c'est un jeu, regarde, ils ont des bouts de papier dans les mains.

-Drôle de passe-temps. Je n'en vois pas l'intérêt.

-S'ils sont capables de regarder une boite carrée pendant plusieurs heures...

-As-tu faim?

-Étant donné qu'il n'y a rien d'autre à faire, oui. Ça doit être l'heure.

Soudain, l'une des créatures lance un cri familier et les appelle tous les deux.

Nos deux chiens se dépêchent à aller manger.

jeudi 28 avril 2011

Le second prisonnier de la lemniscate

Idée et fondations du texte par Solo the CyberpunK, ajouts et révisions par DarkEvil.

«Bang!»

Un homme de science git sur le sol, résultat attendu d'une balle de fusil qui traverse son cerveau. Aux yeux de tous, il s'est suicidé.

La vérité n'est pas qu'il n'en peut plus de sa vie, ce n'est que parce qu'il est un scientifique en pleine expérimentation qu'il a posé le geste. Malgré les conséquences de son geste, ne vous détrompez pas, il est d'ailleurs toujours en expérimentation. Il est tout simplement à la recherche de quelque chose de meilleur.

Pas dans le sens "croyant" du terme, il est assuré qu'il n'y a pas de vie après la mort; du moins rien de traditionnel comme un paradis ou un enfer.

Toute sa vie, il a cherché les secrets de l'univers aussi bien qu'il le pouvait, en tant que grain de sable dans un vaste terrain de sable. Récemment, ses recherches ont abouties à une découverte incroyable.

Une expérience de mort imminente lui ouvra les yeux : c'est comme si pendant un court instant, une fenêtre s'était ouverte pour le laisser passer à une autre possibilité, mais il s'est fait aspirer à sa réalité avant de poursuivre ce chemin.

Son hypothèse : à la mort accidentelle du corps, avant l'usure naturelle de la conscience, celle-ci s'échappe, mais elle ne cesse pas d'exister. Presque comme les religions le prétendent pour le soi-disant "âme", excepté que la conscience n'est pas éternelle à proprement parler. Cependant, là où le tout diffère, c'est que cette mort crée un embranchement dans les dimensions, un où le corps est encore habitable par la conscience avant l'accident. Chacun de ces embranchements spéciaux entraîne des irrégularités qui modifient un peu la série de choix qui l'ont mené jusqu'au présent de telle manière à ce que l'accident ne se répète pas à terme. Peut-être aussi qu'il n'y a pas de cause ni effet et que ces embranchements ont toujours existé, attendant sa venue; il n'en est pas certain.

Ce dont il est certain, c'est que ses collègues ne seraient pas d'accord avec ses méthodes drastiques, car il n'a pas encore établit suffisamment de preuves pour justifier un tel geste, mais l'excitation du moment a fait en sorte qu'il ne pouvait plus attendre. Le but de son geste fatal consistant en plus que de simplement prover son hypothèse, il souhaite tomber dans une dimension où la série de choix lui permettant de survivre à un accident donné change dramatiquement son style de vie. Il est, comme nous tous, à la recherche d'une vie parfaite sans les problèmes divers qui le troublent actuellement. Bien sûr, il définit "vie parfaite" selon ses propres termes, une telle chose ne pouvant exister. Rien ne pourrait correspondre à sa demande après une seule tentative selon lui, mais il arrivera bien à ses fins un jour ou l'autre en s'enfonçant de plus en plus loin dans les dimensions.

Il se réveille, après ce qui lui paraît être un instant après avoir appuyé sur la détente, dans une dimension où il avait oublié de charger le fusil. Léger changement, il a survécu et doit apprendre à s'ajuster à sa nouvelle situation pour voir si dans le plus heureux des hasards elle lui convient. 2 heures plus tard, un autobus le renverse.

Il s'éveille de nouveau dans un nouveau monde et réalise sa malchance. Il se promet de faire bien attention de ne pas répéter l'accident. Le jour d'après, il meurt d'un empoisonnement alimentaire dans un restaurant.

Après 50 ans de vie et de mort constante, il est clairement sur le point de perdre la raison. Il a travaillé à développer une technologie combinée du savoir des différentes dimensions, de plus en plus éloignées de ses origines et lui laissant un peu plus de temps en leur présence à chaque fois, pour créer un canon à particules ultra puissant qui peut atteindre une vitesse incalculable. Ce que l'homme peut arriver à faire dans les pires situations est incroyable, chose qu'il sait en tant que scientifique, alors imaginez ce qu'il peut faire après 50 ans de ce qui est rapidement devenu pire que la mort absolue. Il veut utiliser son invention pour envoyer un message dans l'espace dans un vortex en rotation contraire à celle de la Terre, ce qui a pour effet étrange de faire arriver le message à destination avant son envoi, si cela fonctionne.

Le message est envoyé à la première entité qu'il a habitée, juste avant qu'il ne passe à l'acte pour tester son hypothèse. L'effet est catastrophique : il est encore présent aux côtés de son canon. Il n'y a pas de lien logique entre l'entité qu'il était au départ et celle qu'il est devenu, puisqu'elle n'a jamais posé le geste le coinçant dans sa situation. À proprement parler, il est un nouvel être et il a sauvé quelqu'un d'autre, pas lui.

Finalement, sa conscience meurt pour de bon à l'usure dans l'univers 9721B, le fusil à la main, après de nombreuses morts accidentelles toujours aussi douloureuses.

jeudi 6 janvier 2011

Un psychologue, un client

Une histoire pensée et écrite par Solo the CyberpunK, puis révisée par DarkEvil.

-Assoyez-vous. Est-ce la première fois que vous consultez? Monsieur, euh, Simon?

-Oui, c’est ça. Absolument, c’est ma première consultation professionnelle.

-Bon! Qu'est-ce qui vous amène à mon bureau?

-J'ai le moral extrêmement faible ces temps-ci.

-Avez-vous déjà fait une dépression auparavant?

-Quoi? Mais qu'est-ce qui vous dit que c'est une dépression après un simple regard? La dépression est un dérèglement mental sérieux, non?

-Certaines personnes ont seulement besoin d'antidépresseurs pour rétablir...

-Non! Je ne veux pas des pilules. Moi, je veux être bien pour vrai et ce n’est pas un débalancement de ma part qui cause mes soucis.

-Avez-vous des idées noires?

-Oui... euh, c’est-à-dire non, je pense.

-...

-Je veux dire que je suis plutôt pessimiste, mais jamais je n'ai pensé au suicide ou à quelque chose de grave. D'ailleurs, je trouve l'idée trop lâche personnellement : les gens qui le font ne sont pas écœurés de vivre, mais plutôt de leur vie, et ça c'est quelque chose qui se change avec la volonté. Du moins c’est ce que je crois.

-D’accord, et vous n'avez pas d'impulsion violente?

-Jamais, ce n'est pas du tout le cas. En vérité je suis venu vous voir parce que je cherche des explications. Je veux avoir un second avis sur un sujet que j’ai discuté avec mes proches.

-D'accord, je vous écoute.

-Tout le monde autour de moi est malheureux. Peu importe comment j'essaie de le voir : les gens que je croise n'aiment pas leur travail, leur vie...

-Vous faites de la projection. Vous voyez votre problème partout.

-Non, je vous assure, tout le monde est toujours de mauvaise humeur, rude et de mauvaise foi.

-Avez-vous un emploi stressant?

-Oui et non... Ce n'était pas le cas avant, mais les dates de production sont de plus en plus serrées. J'ai regardé et c'est comme ceci partout et dans pas mal tous les domaines. Tout le monde est stressé. Ils sont stressés parce que notre système en demande toujours plus à l'individu. Pourquoi pensez-vous?

-Je crois que ce n’est pas à moi de répondre à cette question; vous ne pouvez pas rejeter toutes les fautes sur notre société.

-Je ne vous demande qu’une réponse honnête à ma question, pourquoi notre système en demande-t-il toujours plus à l’individu?

--Eh bien, comme vous le savez, nous avons accepté en tant qu’individu faisant partie de cette société de vivre dans le capitalisme. L'accumulation des biens et ces biens doivent se faire construire évidemment par quelqu’un; mais...

-Exactement. Ce stress en particulier, disons qu'il est arrivé en même temps que la révolution industrielle environ. À ce moment, il fallait produire en grosse quantité pour s’ajuster à la population grandissante, mais aujourd'hui pourquoi le faisons-nous?

--Vous savez qu’il faut subvenir aux besoins des...

-Mais pas des besoins vitaux! Nous pourrions facilement vivre sans tout notre matériel superflu et les modes actuelles. Ces besoins sont créés par le système lui-même. Si nous nous limitions à l'essentiel, je ne crois pas que tout le monde aurait besoin de travailler 40 heures par semaine.

-Allons bon, il y a sûrement un peu trop de négativité là-dedans. La situation pourrait être pire après tout.

-Pourquoi comparer à un extrême absolu? Je cherche à vous faire comprendre ce qui ne fonctionne pas dans la situation actuelle. Il y a des gens qui travaillent jour et nuit pour fabriquer ma prochaine voiture, téléphone cellulaire, lecteur MP3. Moi aussi avec mon travail je contribue à cette chaîne. Mais si je ne travaillais pas, je n'aurais pas besoin de voiture, de cellulaire et de lecteur MP3, du moins certainement pas à ce rythme infernal. Imaginez si c'est pareil pour tout le monde! Dans le fond, ce système était censé nous rendre heureux par la création de biens, mais c'est tout le contraire qui se passe, alors pourquoi le faisons-nous tous? Qui en profite en bout de ligne?

-Monsieur Simon, je vous arrête tout de suite. Nous ne vivons certainement pas dans une utopie et je crois que vous vous fixez des idéaux trop élevés. Vous ne serez jamais heureux ainsi. Pourquoi ne pas penser au meilleur? Par exemple, quand vous pourrez profiter d’une retraite avec votre famille.

-Oui, au moment où l'industrie n'aura plus besoin de moi dû à ma vieillesse. Je travaille en échange d'argent. Cet argent me sert à être plus heureux dans mes temps libres. Sauf que mes temps libres reviennent uniquement à l’argent aussi. Et je le vois autour de moi : les gens malheureux consomment, comme pour combler le vide qu'ils ont à l'intérieur. C'est comme si les gens essayaient toujours de provoquer artificiellement le bonheur. Pourtant, le bonheur est une émotion humaine qui ne se crée pas. Elle se vit. C'est pourquoi les bonheurs artificiels ne durent jamais longtemps : dans le fond de vous, vous savez que vous n'êtes pas "vraiment" heureux. Et alors à ce moment, le vide intérieur absorbe ce bonheur passager pour reprendre toute la place.

-Je crois que vous extrapolez un peu...

-Vous par exemple. Êtes-vous heureux actuellement?

-Euh, oui, *ahem!* Je veux dire... J’ai une vie active et une carrière.

-Mais votre travail vous rend-il heureux?

-Ce n’est pas nécessairement le but... Euh, mais rappelons-nous qu’il s’agit de vous.

-Donc, vous non plus. Posez-vous la question : qu'est-ce que vous avez accompli dans votre vie à part servir le système? Dire à des gens comme moi de consommer des antidépresseurs et d’accepter leur situation. Qui êtes-vous à l'extérieur du travail? Avez-vous encore des projets ou les avez-vous tous abandonnés? Qui tient encore à vous? Les gens sont-ils devenus tellement égoïstes que leurs biens passent avant leurs proches? Comment se sortir de ce cercle infernal?

-...

-...